mardi 28 avril 2015

Domenico di Giovanni (Il Burchiello) - "Il primo ber si m'aguzza la testa" / "Le premier verre m'aiguise la cervelle"

                Domenico di Giovanni, connu sous le surnom de "Burchiello" (puisqu'il écrivait alla burchia c'est-à-dire comme un "pirate"), est un poète coiffeur du Quattrocento - du XVe siècle -, né à Florence en 1404 et mort à Rome en 1449. Il est célèbre pour son langage absurde et ses sonnets étranges (on notera ici le tercet superfétatoire), quelque chose des fratras médiévaux (coq-à-l'âne) et contre l'humanisme pétrarquiste qui lui a valu de nombreux suiveurs à qui il faudra rendre justice un jour.
                Evidemment il a fait de la prison (dans cette ville merveilleuse de Sienne) et a beaucoup bu. Bref, un grande comme disent nos amis italiens.
                On a traduit le premier vers en omettant le "si", on aurait pu dire : "Le premier verre m'aiguise, oui !, la cervelle"... C'est presque un chant à boire, avec des intonations à la Angiolieri, on l'aura deviné.

Il primo ber si m’aguzza la testa,
Piglio ‘l secondo se gli è netto e puro,
El terzo beo e mandol giù più duro,
Al quarto sputo e getto fuor la resta.


El quinto si mi fa fumar la cresta,
Al sesto passeria co’denti el muro,
El settimo mi fa ir più sicuro
Che non va un lïon per la foresta.

A l’ottavo par ch’entro in signoria,
Al nono piglieri con la mia mano
El re di Francia e la suo baronia ;

Al dieci passerei e ‘l monte e ‘l piano,
All’undici acquisterei Saracinia,
Al dodici piglieri el gran Soldano.

Senza tremar la mano
Chi m’è davanti, di drieto o da lato,
El gombito alzi ed a sé turi ‘l fiato.





Le premier verre m’aiguise la cervelle,
J'en descends un deuxième s'il est bon et pur,
Au troisième je me mets à chanter,
Et au quatrième, je crâche et me râcle le gosier.

Le cinquième me fait fumer la crête,
A six, je raille le mur avec les dents,
Au septième, je vais plus crânement
Que va le lion dans la forêt sauvage.

A huit, j'ai l'air d'être devenu gentilhomme,
A neuf, je fais prisonnier de ma propre main
Le roi de France avec sa baronnie,

A dix, je vais par monts et montagnes,
A onze, je conquerrais Saracinia,
A douze j'emprisonnerais le Sultan.

Sans que votre main tremble,
Vous qui êtes devant moi, derrière ou à côté,
Levez le coude et cul-sec buvez !

(traduction originale)

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