Héritier des
Antiques, Ovide, Tibulle, Properce, l’auteur de La Jeune
Tarentine annonce aussi Verlaine. Rare au XVIIIe siècle (1762-1794). "L'amour est une ivresse,
l'ivresse est amour."
Elégie I, Livre II,
Lycoris
Reine de mes banquets,
que Lycoris y vienne ;
Que des fleurs de sa
tête elle pare la mienne ;
Pour enivrer mes sens,
que le feu de ses yeux
S’unisse à la vapeur
des vins délicieux.
Hâtons-nous, l’heure
fuit. Un jour, inexorable,
Vénus, qui pour les
dieux fit le bonheur durable,
A nos cheveux blanchis
refusera des fleurs,
Et le printemps pour
nous n’aura plus de couleurs.
Qu’un sein
voluptueux, des lèvres demi-closes,
Respirent près de nous
leur haleine de roses ;
Que Phryné sans
réserve abandonne à nos yeux
De ses charmes secrets
les contours gracieux.
Quand l’âge aura sur
nous mis sa main flétrissante,
Que pourra pour nous la
beauté, quoique toute-puissante ?
Nos cœurs en la voyant
ne palpiteront plus.
…
Cependant jouissons ;
l’âge nous y convie.
Avant de la quitter, il
faut user la vie :
Le moment d’être
sage est voisin du tombeau.
Allons, jeune homme,
allons, marche ; prends ce flambeau,
Marche, allons.
Mène-moi chez ma belle maîtresse.
J’ai pour elle
aujourd’hui mille fois plus d’ivresse.
Je veux que des baisers
plus doux, plus dévorants,
N’aient jamais vers
le ciel tourné ses yeux mourants.
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